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La démocratie a disparu

Cette caricature, est un dessin de presse réalisé par François-Henry Monier dit Babouse, illustrateur engagé dans les sujets d’actualité et travaillant pour de nombreux grand journaux comme l’Humanité. Elle a été publiée en 2016 sur le site officiel de la CGT de Villejuif en région parisienne en opposition à la loi Travail.

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La scène est représentée sur un fond blanc et ne semble pas désigner un cadre temporel spécifique. L’image est composée de deux plans, au premier se trouve une mare rouge qui prend une grande partie du dessin et semble être du sang. Au deuxième l’on trouve deux personnages qui sont très caricaturés avec des yeux globuleux. Le premier celui qui se trouve le plus en avant porte un chapeau ainsi qu’un long manteau gris avec un brassard orange où il est marqué ’Police’. Il fume une pipe et tient dans sa main un calepin, il est en position accroupie avec un bras posé sur son genou tandis que l’autre soutient son menton. Il semble pensif et regarde la mare de sang.

Le second personnage, celui qui est le plus en arrière, porte une douille bien plus grande que la normale. Il a un uniforme de police et affiche une expression surprise en contemplant la douille avec une sorte d’admiration et de l’effarement. Il est le seul à parler et déclare : ’’C’est tout ce qu’on a retrouvé chef…’’ ; ’’une douille de 49.3’’.

Au-dessus des personnages, figure en gras, le titre du dessin : La démocratie a disparu.

Ce dessin s’organise autour de la mare de sang, qui peut symboliser la démocratie, qui a donc pu être tuée par la douille retrouvée par le policier. Les policiers peuvent être une représentation des parlementaires opposés à l’utilisation de cette loi et qui constatent la mort ou la disparition de la démocratie. Quant à la douille « de 49.3 » elle symbolise l’article 49.3 de la constitution de la cinquième république établie par Debré et De Gaulle en 1958, qui permet la non consultation de l’assemblée nationale pour faire passer une loi jugée indispensable. Cet article de la constitution peut selon certains remettre en cause le processus démocratique car il permet au gouvernement de contourner la décision du parlement. En contournant le parlement, on supprime l’un des trois pouvoirs (là le législatif) permettant au pouvoir exécutif de prendre le dessus.

Pour comprendre la caricature il faut en comprendre les principaux éléments énoncés et connaître un peu le contexte.

En 1958 lorsque De Gaulle se présente, lui ainsi que sa nouvelle constitution, il souhaite un homme fort à la tête d’un État fort. En effet durant toute la troisième et la quatrième République, les présidents n’avaient qu’une fonction de représentation et le pouvoir des ministres était amoindri. Le manque de vrais dirigeants donna notamment lieu à la débâcle de juin 1940, entraînant la chute de la troisième République. Pour y remédier De Gaulle octroya en 1958 au président des pouvoirs très importants et un article qui permettait au gouvernement de faire passer une loi sans l’accord du parlement : l’article 49.3.

La démocratie permettant la représentation nationale et la pluralité des opinions, cet article s’oppose à ses fondements, d’où l’image forte utilisée par Babouse de la douille, donc de l’arme qu’est cet article tuant la démocratie (devenant donc une mare de sang symbole de la mort), la remplaçant par un régime autoritaire.

Replaçons cette caricature dans son contexte, en 2016 le gouvernement de Manuel Valls tente désespérément de faire passer sa loi Travail critiquée par tout le monde. Pour y remédier le gouvernement décide de faire usage de l’article 49 .3, lapidant ainsi le processus démocratique, contribuant ainsi largement à l’impopularité du président Hollande. Cette loi n’étant pas voulue par le peuple, la démocratie étant censée être à l’écoute du peuple, beaucoup se sont sentis trahis.

 L’inscription  La démocratie a disparu  montre ainsi avec clarté le point de vue du dessinateur. Cette caricature illustre donc la  monarchie républicaine  critiquée par certains.

Zephyr Brahim Bounab

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